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Volltext: Anthropos, 86.1991,1/6

Anthropos 86.1991: 111-125 
Croyances des Toungouses de Chine 
Rémi Mathieu 
Abstract. - There are several Tungus peoples living in the 
northeast of China, e.g., the Orocon (Elunchun) and Evenks 
(Ewenke). They belong to the same ethnic family as those 
dwelling in the Soviet Union and share with them many beliefs 
and customs. In the Tungus religious system shamanism plays 
an essential part. This paper deals with the shamanistic practi 
ces studied during fieldwork carried out in the north of Chinese 
Inner Mongolia. The study of shamanic customs, dances, and 
attitudes permits a better understanding of the importance of 
this phenomenon and the role spirits play in Tungus thought. 
[Mongolia, Tungus, shamanism, mythology, rites] 
Rémi Mathieu, chargé de recherches au C. N. R. S. (Paris). - 
E a publié plusieurs ouvrages sur la mythologie de la Chine 
ancienne et s’est intéressé à l’ethnologie et à la mythologie des 
nfinorités nationales de Chine afin d’y relever des survivances 
des pratiques et des croyances de l’antiquité de ces régions. 
R a fait paraître un certain nombre d’articles de mythologie 
comparée dans des revues européennes d’anthropologie ou 
d histoire des religions. 
^ans le nord de la Mongolie intérieure, de part 
et d’autre du 50e parallèle et du 120e méridien, 
s’étendent des zones de steppes dont rien n’altère 
la monotone beauté. Seules les hauteurs boisées du 
Grand Khingan offrent un tableau plus vert encore: 
tes feuilles des bouleaux, les aiguilles des pins 
couvrent presque entièrement ce paysage immense 
qui évoque la Sibérie voisine. En été, le ciel lais 
se fréquemment passer d’importantes masses nua 
geuses qui sont à l’origine de l’inondation des 
r °utes et des villages. La terre gorgée d’eau s’orne 
de nouveaux marécages et nombre de ruisseaux 
v °nt gonfler le grand lac Hulun qui jouxte la fron 
tière soviéto-mongole. Dans les champs couverts 
de fleurs, des myriades de papillons s’envolent à 
1 a pproche du voyageur et leurs couleurs sont les 
Se ules à se détacher sur cette mer végétale. De 
ra res bourgs, de nombreuses yourtes isolées dans 
G steppe, des chaumières regroupées en hameaux à 
danc de colline sont les demeures des Toungouses 
de Chine. 
1. Toungouses de Chine et d’alentours 
Les Toungouses sont divisés en deux groupes 
géographiques et linguistiques: les méridionaux et 
les septentrionaux. Le nord des actuelles provinces 
de Mongolie intérieure et du Heilongjiang abrite 
les plus importantes zones de concentration de ces 
ethnies. Les Ewenke, les Elunchun et les Hezhe 
(respectivement connus en Occident sous leurs 
noms russes d’Evenks, Orocon et Goldes) cons 
tituent les principaux représentants des éléments 
nordiques; les Mandchous et les Xibo se situent 
plus communément au sud. 
L’origine géographique de ce peuple a été 
très discutée. Actuellement, les meilleurs auteurs 
s’accordent à placer dans la région du Baïkal les 
territoires qui virent naître aux alentours du second 
millénaire avant notre ère la civilisation toungou- 
se. 1 D’autres spécialistes, dont S.M. Shirokogo- 
roff, ont estimé que leurs zones de peuplement 
s’étendaient sur toute la Chine septentrionale dès le 
3e millénaire avant notre ère. Cette hypothèse n’a, 
semble-t-il, pas été confirmée par les découvertes 
récentes, 2 puisqu’à l’époque où la dynastie Shang 
s’installe au pouvoir en Chine, on peut les situer 
dans leurs lieux de vie actuels, sur les bords du 
Hulunbeir. A cette époque, les contacts culturels 
et commerciaux entre Chinois septentrionaux et 
groupes toungouses se sont apparemment accrus, 
comme en témoignent les vestiges archéologiques 
de ces temps lointains. Il est très probable que la 
civilisation chinoise du Nord fut, dès avant cette 
période, fortement influencée par l’art et les cro 
1 Lü Guangtian 1983«: 5 et 1983b: 4; Ma Xueliang 1980: 290. 
2 Wureertu et Huang Guoguang 1981: 68; Vasilevich and 
Smolyak 1964: 623. Lévi-Strauss a repris, il y a déjà 
quelque temps, la théorie de Shirokogoroff exposée en 
1923 (réimprimée en 1968: 109). Selon cet auteur russe, les 
Toungouses occupaient la plaine centrale du fleuve Jaune au 
4e millénaire avant notre ère; au cours de la période Shang, 
les Chinois les auraient repoussés dans l’actuel nord-est du 
pays. Sous les Han postérieurs, les Toungouses seraient re 
descendus dans le nord de l’empire chinois (Shirokogoroff 
[1923] 1968: cartes pp. 111, 113).
	        
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