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Bastin, Masques et sculptures Ngangela
Masques
Les masques, appelés tungandi (sing. kangandï) représentent les esprits des
ancêtres et apparaissent au cours des cérémonies clôturant les rites de la circon
cision. Il y a, d’après M. Van Koolwijk (1963, 170) une cinquantaine de mas
ques Ngangela. Ils se subdivisent en deux groupes avec leurs signes distinctifs.
Les plus importants sont censés être la réincarnation de chefs célèbres, d’ancêtres
vénérés des familles de la région; d’autres évoquent des figures mythologiques
et des animaux çels que le lion, le buffle, l’antilope, l’hippotrague; il y a aussi
des masques « portraits » représentant les pères et mères des circoncis, et un
masque, que l’on trouve également chez les Tshokwe, celui représentant le
Blanc.
Aux yeux des femmes et des non-circoncis, ces masques 2 sont des esprits et
la coutume veille soigneusement que ces apparitions ne puissent être vues que de
loin. Les nouveaux circoncis n’apprendront qu’au cours de la cérémonie Kut-
simhuisa, ce grand secret des hommes, que ces figures dansantes étaient animées
par ceux de leurs villages, leurs pères, leurs frères, leurs cousins. Ce sera plus
tard au tour des initiés de fabriquer des masques et de les porter lors du prochain
rite de puberté mukanda qui fait entrer les enfants mâles dans la société des
adultes. Comme nous l’avons dit, une seule femme connaît le secret des masques
chez les Ngangela, c’est la première épouse du chef, initiée à l’époque de l’intro
nisation. La peine de mort, écrit A. Monard (1930, 51), punit toute autre femme
qui aurait violé la coutume.
L’initiation mukanda des garçons a été décrite en détail par M. Van Kool
wijk (1963, 156-172) qui séjourna pendant vingt ans comme missionnaire dans
la région de Vila da Ponte. L’époque du rite est choisie par le chef intronisé et
les chefs des familles des villages qui lui sont assujettis, lorsqu’il y a un nombre
d’enfants suffisant, âgés généralement de six à dix ans (certains sont parfois plus
jeunes, d’autres plus âgés et parmi eux il peut même y avoir des hommes).
A. Monard (1930, 121) ajoute qu’« on attend d’ordinaire que la récolte de maïs
soit abondante et qu’on puisse faire beaucoup de bière forte, complément indis
pensable de la fête ». La décision prise au sujet du grand jour, on avise les
femmes de préparer le vwala vwa mpoko ou vwala vwa maninga, «la bière du
2 Pour le rite de passage des filles il n’y a pas de masques vrais. Les femmes qui
président cette cérémonie dansent la nuit autour de la mungolo, fillette arrivée au
dernier jour de ses premières menstrues, en enflammant des brindilles ou des
branchettes adroitement fixées à leurs bras et dont les étincelles se détachent en
gerbes lumineuses. Pour les non-initiés qui ne peuvent approcher, c’est là l’appari
tion d’esprits (Pubben, 1962, 17-18; Van Koolwijk, 1963, 267).