Baessler-Archiv, Neue Folge, Band XVII (1969)
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La tradition Ngangela rapporte que ce peuple est venu de l’est. Ce sont des
agriculteurs depuis longtemps sédentaires. Leurs villages, protégés par des
palissades, sont établis non loin d’un cours d’eau, à découvert dans la savane, ce
qui les différencie des villages des Tshokwe, nouveaux venus dans cette région,
qui préfèrent s’établir près de sources, dans des endroits boisés où ils peuvent
s’adonner d’avantage à leur activité de peuple principalement chasseur, et qui
là, comme dans leur pays d’origine, cultivent le manioc.
Les Ngangela, ainsi que les Mbundu, ont pour culture de base le maïs et ils
labourent avec la même houe à double manche en V, de conception plus perfec
tionnée que la houe à simple manche des Tshokwe. Le soin des champs est à la
charge de la femme. A l’homme est réservé le défrichage, la chasse, dont le pro
duit enrichit l’alimentation, et la protection de la communauté. Les chefs possè
dent en signe de richesse quelques têtes de boeufs à longues cornes comme ceux
des pasteurs du sud-ouest de l’Angola.
L’héritage et la succession se font dans la ligne maternelle. La femme prin
cipale du chef, Vinakulu, a un statut très élevé et est initiée aux secrets des
hommes, apprenant notamment la réalité sur les masques, tandis que le chef,
muene, est initié à tous les secrets des femmes.
Martinho Van Koolwijk (1966, 193-201) a décrit l’intronisation tradition
nelle d’un chef Ngangela de la région de Vila da Ponte, près de Cubango. Les
candidats qui doivent être de sang royal sont présentés par les branches de la
famille maternelle, en présence de l’assemblée du peuple, ndzango, comprenant
les hommes, les femmes et les enfants. Le choix est réalisé par le conseil des
anciens, les vamiata, qui ont des fonctions sacerdotales héréditaires. L’élu doit
avoir la majorité absolue des voix, que remporte le candidat chez lequel sont
reconnues le plus d’aptitudes intellectuelles, préférées aux qualités morales.
Avant la nomination définitive, chaque favori a été interrogé séparément par
les anciens sur ses connaissances des coutumes Ngangela et en particulier sur
celles regardant le culte des ancêtres. La fonction du chef a en effet un carac
tère sacré.
Si tout le peuple montre une joie exhubérante en apprenant le résultat de la
délibération, l’élu doit par contre, pour s’élever en dignité au rang de ses illus
tres prédécesseurs, se montrer contrarié et faire un simulacre de fuite avant
d’être finalement porté en triomphe, sur les épaules des hommes, à travers tout
le village, jusqu’à l’endroit qu’il choisit pour construire le palais royal.
Les vieux Ngangela n’ont pas oublié l’importance ancienne de leurs chefferies;
ils en ont encore récemment parlé à M. Antonio Carreira.
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