Brève visite d’une maison commune chez les Biami
(Nouvelle-Guinée)
Bernard Juillerat
N’ayant passé que quelques jours 1 chez les Biami du Western District,
j’ai hésité à publier la très maigre documentation que j’avais néanmoins eu le
temps de recueillir, avant de visiter les ethnies voisines Samo (Supei) et Kubor
et finalement - pour diverses raisons que je n’expose pas ici - de quitter la
région pour commencer, dans le Sépik occidental, l’étude des Amanab. Réflexion
faite, le fait que cette société importante (environ 3500 âmes) n’ait toujours
pas reçu la visite (prolongée celle-ci) d’un anthropologue 2 m’incite à mettre ce
faible matériau à disposition. Il s’agit du plan, de la description et de la termi
nologie relatifs à l’une des maisons communes des Biami, celle d’Obami située
à huit heures de marche à l’est du poste administratif de Nomad River et à
quarante minutes du «base camp» d’Obeimi 3 (cf. carte).
Les Biami sont bien connus des milieux ethnologiques de Port-Moresby
et de Canberra; on les y présente comme l’une des dernières sociétés cannibales
de Nouvelle-Guinée encore vivantes. En fait, si l’anthropophagie 4 est certaine
ment encore pratiquée dans les zones marginales (nord et sud en particulier)
mal contrôlées par l’administration (1970), elle est maintenant totalement
abolie dans la région centrale, tout autour du camp d’Obeimi (de même que
chez les Samo et les Kubor, au nord de Nomad River). Il n’en demeure pas
moins vrai que les Biami, il n’y a que quelques années encore fort craints de
leurs voisins, font figure de fiers «sauvages» cachés au fond d’une jungle encore
mal connue des administrateurs qui la parcourent pourtant régulièrement
1 Mai 1970. Je remercie les administrateurs de Nomad River qui ont fait tout leur
possible pour faciliter mon séjour.
2 Un chercheur norvégien devait s’y rendre fin 1972.
3 Obami et Obeimi étaient sans doute à l’origine un seul nom, qui fut déformé par
l’administration en Obeimi.
4 D’après les informations recueillies par les administrateurs, elle prenait la forme
d’un exocannibalisme dont les victimes semblaient être le plus souvent de prétendus
sorciers exécutés.