ANTHROPOS
100.2005: 53-72
Pratiques ancestrales et la démographie
de l’Afrique noire précoloniale
Michael Singleton
stract. - Slavery is often seen to be the main if not the sole
ct°r f or Africa’s supposedly underdeveloped demography.
1 e xclusive recourse to extraneous explanations not only
Ptevents local actors from assuming some of the responsibility
r their historical lot (be it for the better as well as for
e worse) but also curtails academic attention to the phe-
0r rnen ological complexity of population growth, maintenance,
/ decline. In precolonial Africa natural calamities (floods,
mi nes, epidemics ...) combined with such ancestral prac-
es as witchcraft ordeals, warfare, infanticide, and the like,
‘d also have had nonnegligible demographic consequences.
016 of these customs disappeared on the advent of colonial
irifV 68 not 80 muc h as a resu lt °f imperial legislation as of
’§enous self-determination. [Precolonial Africa, ancestral
ctl ces, historical demography, self-determination]
e^H^ ae * Singleton, su i te a des études de philosophie à Rome
^ ar) thropologie à Oxford, fait du terrain dans la plupart
es régions de l’Afrique d’abord pour l’Istituto di Studi Arabi
Puis pour un centre d’information et de recherche “Pro
de^ <5 ^ lta ” (Bruxelles). De 1980 à 1985 il dirige l’Institut
Pences de l’Environnement à l’Université Cheikh Anta
Pro P ^ a ^ ar avant de créer le Laboratoire d’Anthropologie
Cnt S ^ eCt * Ve a ^Université Catholique de Louvain. - Il a publié;
l’a 'u Ue i’ et hnocentrisme. Du missionnaire anthropophage à
r °P°logue post-développementiste (Paris 2004). Cf. aussi
er ences citées.
(Rome)
^undi
“In West Africa, it has been boldly asserted that
the belief in witchcraft costs more lives than the
slave trade ever did.”
(Sir E.B. Tylor 1871/1: 125). 1
Cr ° nsc ientisées depuis peu aux effets pervers d’une
ls sance démographique incontrôlée, les auto-
s de l’Afrique noire n’identifient plus le plan
ning familial à un complot néocolonial. Par contre
pas mal d’acteurs africains ou africanistes as
sument que si le continent est relativement sous-
peuplé, cela est largement sinon exclusivement
dû au dépeuplement effectué par l’impérialisme
occidental. Dire, par exemple, que la population
du Congo avait été décimée entre 1880 et 1920
serait loin de la vérité, quand Léopold et Cie
l’avait réduite de la moitié - de 20 à 10 mil
lions (Hochschild 1999:233). “Simple” journa
liste, Hochschild s’appuie sur des spécialistes du
gabarit d’un Vansina (1965: 115, 183) qui parle des
diminutions démographiques spectaculaires dues à
des catastrophes aux apparences naturelles, mais
induites en grande partie par la désintégration des
structures politiques ancestrales sous l’impact de
facteurs coloniaux. Cette opinion commune était
déjà formulée à l’époque. 1 2
Mais c’est surtout l’esclavage qui est rendu res
ponsable de tous les maux dont souffre l’Afrique
(Clarence-Smith: 1994). Sans ces ignobles ponc
tions massives sur ses forces vives, disent cer
tains militants, l’Afrique aurait pu et su partir
dans la direction du développement aussi bien
que l’Occident. Sans vouloir minimiser l’horreur
ou disculper qui que ce soit, des esprits plus
1 Un avis auquel Mary Kingsley (1993: 299) allait faire écho;
la croyance africaine que la mort est toujours due à la
malveillance sorcière “a tué et tue encore maints hommes et
femmes; même la traite négrière n’a pas été si dévastatrice.
Le seul fléau comparable est sans doute la petite vérole”.
2 Sanderson 1999, Romaniuk 1967, Chibenda 1981.