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Marguerite et Georges Lohsiger-Dellenhach
coque est parfaite, le gréement est complet, sauf en ce qui concerne les voiles d’étai
et le hunier volant, sans doute omis pour présenter le haubanage. Les laises de la
grand-voile n’ont pas été oubliés. Un pavillon tricolore à la corne et en tête du grand
mât de flèche et une oriflamme en tête du petit mât de cacatois. Le gouvernail et sa
roue sont visibles.
Sous la forêt d’araucarias apparaît une goélette franche (schooner) au gréement
bien reproduit. La misaine et la grand-voile sont dessinées à bordure libre (sans
home). Cependant le palan d’écoute de la grand-voile est gravé à l’emplacement où
il se trouverait si la borne existait. On peut en déduire que l’artiste a oublié de repré
senter cette borne, alors qu’il note deux traits remplis de hachures à la misaine. Les
laises des deux voiles sont fidèlement notées. La présence de deux seuls focs prouve
qu’il ne s’agit que d’une petite goélette.
A sa droite, et sous le brigantin, apparaît une barque (bark) dont les mâts sont
exactement décalés à l’emplacement de leur assemblage. Les basses voiles ont
cédé le pas aux haubans. Un pavillon démesuré en tête du petit mât de cacatois, une
esquisse de flamme en tête du mât de flèche d’artimon laissent croire à des pavillons du
code de signaux.
Un quadrilatère indéfinissable (aqueduc?) surmonte un personnage coiffé du bon
net de paille traditionnel mais dépourvu d’aigrette.
Avant d’arriver à une ligne horizontale qui coupe le dessin nous remarquons
encore, à gauche, une maison probablement européenne, à la charpente bien observée,
séparée d’une case indigène à grande flèche faîtière, par deux araucarias columnaires
et le sommet d’une grossière esquisse renversée d’un bateau européen. La flèche faîtière
qui surmonte la case indigène représente un masque sommé d’un ornement carré à
pointes et appendices latéraux orientés vers le bas, analogue à celui mentionné par
F. Sarasin (1929, 42, fig. 11, masque de Canala). A droite de cette case, un araucaria
Rulei a probablement été gravé après le grand quadrilatère qui se trouve à droite de
notre relevé. Ce quadrilatère contient de larges bandes vivrées que nous pourrions
traduire comme le signe de l’eau, peut-être bassin de retenue duquel sort une ligne
sinueuse qui, elle aussi, selon une symbolique universelle, présente aussi en Nouvelle
Calédonie, représenterait l’eau coulant dans les aqueducs indigènes. Vers la base, cette
ligne sinueuse est doublée.
Au-dessous de la ligne horizontale séparant le dessin en deux, nous retrouvons
comme ci-dessus deux habitations l’une à côté de l’autre: une européenne, mal esquis
sée, avec charpente apparente et partant du toit un motif en ligne brisée (décrit ci-
dessus) que nous avons traduit comme le signe de l’eau; la deuxième, indigène, avec
son haut toit de paille surmonté d’une grande flèche faîtière supportant un masque et
une brochette de tritons schématisés, avec „kataras“ flanquant la porte.
Sous la maison européenne on remarque le symbole des sillons d’ignames, soit un
groupement de chevrons.
Sous un cotre (cutter) de petit tonnage, gravé rudimentairement avec trait en
tête du mât qui pourrait s’interpréter comme une flamme indiquant un cotre armé,
se situe un ensemble de motifs géométriques. Nous y reconnaissons des dessins non-
figuratifs qui, depuis plusieurs années, représentent à nos yeux la pensée canaque plus